J’ai dans ma tête une tornade. On m’appelle aussi affectueusement  » la tornade ». Car quand je passe quelque part , on a tendance à s’en souvenir longtemps. Un jour on m’a annoncé que je devais passer ma vie à vivre mes sentiments à l’envers. Le premier réflexe que j’ai eu c’est de me dire que j’étais folle.

Rectification quelques années plus tard : Et bien non tu n’es pas folle , tu es juste borderline.

J’avais déjà eu, du haut de mes 11 ans, une déclaration plutôt frappante:  « Ma p’tite tu es en dépression. »

Hum…

-C’est quoi une dépression?

-Ça c’est quand tu as un mal de vivre, quand dans ta tête tout est noir.

J’ai donc vécu plusieurs années avec un trou noir entre les deux oreilles. J’ai toujours été différente, en fait j’ai toujours cru l’être.  Je pouvais être très fâchée pour un rien sans vraiment savoir pourquoi.  Je me sentais trop souvent à part des autres.  En vieillissant ce sentiment de ne pas appartenir à aucun cercle social (en plus du fait que j’avais une énorme tendance à m’habiller en garçon, étant trop gênée d’être féminine). J’avais une boule de feu dans la poitrine et un ouragan dans la tête.

Mais j’ai bien compris que même si tu bois pas mal d’eau, la boule elle part pas. J’ai trouvé une façon merveilleuse (c’est ce que je croyais à ce moment) de faire disparaître mon mal de vivre.  Les petites pilules du bonheur et le gazon magique étaient rendus mes meilleurs amis. J’ai mis de côté toutes les choses qui étaient vraiment merveilleuses pour essayer de faire taire l’ouragan.  Le monde me semblait ne plus avoir de limite. « The sky is the limit » comme on dit.

Un jour ma psy (merci à elle en passant… déjà sept ans qu’elle m’aide à faire rapetisser la tornade dans ma tête) m’a dit que j’avais deux choix:  le fossé et ma photo dans « Allo Police » ou un thérapie.

(À ce moment dans ma tête)

-QUOI!? Une thérapie c’est pour les fous! Je consomme pas assez pour aller rejoindre les déconnectés de la société!

J’ai pris le petit téléphone (le geste qui m’a semblé le plus dur de mon existence) et j’ai composé le numéro de cette fameuse thérapie! Une madame super gentille (moi j’avais plutôt l’impression que c’était un coup monté) ma répondu que si j’avais besoin d’aide ils avaient de la place pour moi. Pendant 10 mois j’ai pleuré, ri, crié, et appris que j’étais ce qu’on appelle quelqu’un avec un trouble de personnalité limite. Trop mots pour dire: émotions tout à l’envers avec un trouble des relations d’être. J’ai sorti de cette thérapie avec des outils pour m’en sortir, des amis formidables et la sobriété.

Maintenant, malgré les difficultés,  j’ai 4 mois de sobriété et une belle vie devant moi malgré la tornade dans me tête qui rapetisse avec les années.