11 juin
2009
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Entrevue avec Catherine Laurier du CRISE
par Jephte dans la catégorie Reportages

Voici l’intégrale de l’entrevue accordée par Catherine Laurier du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE). Cette entrevue a été filmée pour le reportage de Jephté et Léon sur le suicide chez les jeunes.

CLÉ: Est-ce que vous pouvez vous présenter pour le Centre Lecture et Écriture?

Catherine: Je suis Catherine Laurier….

CLÉ: Qu’est-ce qui vous a amené à travailler dans la lutte contre le suicide?

Catherine: Mon intérêt pour les jeunes, mes recherches antérieures auprès des adolescents, les problématique  importantes… Il est important de mieux comprendre.

CLÉ: Pouvez-vous décrire vos tâches pour nous dans le centre de recherche?

Catherine: Mon travail consiste à faire des recherches dans les centres jeunesse et des études sur les comportements suicidaires chez les jeunes contrevenants.

CLÉ: Pouvez-vous nous parler du CRISE (historique, mission, implication etc.)

Catherine: Pour commencer,  le CRISE n’est pas un centre de crise,  mais un centre de recherche.

CLÉ: Quel est le protocole à suivre quand quelqu’un qui a l’idée suicidaire ou qui a été victime du suicide  fait appel à votre expertise?

Catherine: Compte tenu que le CRISE n’est pas un centre de crise, les gens n’appellent pas chez nous quand ils sont en crise suicidaire. Ils nous contactent pour avoir des renseignements plus généraux sur le suicide, pour recevoir de la formation, etc.  Si des gens qui sont en crise suicidaire nous appellent,  nous allons les référer à des organismes pour ça tel que Suicide action Montréal au 5147234000 et ailleurs au Québec 1-800 277 3553.

CLÉ: Que devons-nous faire lorsque quelqu’un nous confie des idées suicidaires?

Catherine: Il faut d’abord écouter la personne, la prendre au sérieux, évaluer si la personne possède les moyens ou a un plan, surtout ne pas garder ça secret et aussi faire appel à quelqu’un qui s’y connaît: un intervenant, Suicide Action Montréal, etc.

CLÉ: Pourquoi selon vous, nous avons au Québec le taux  de suicide le plus élevé au Canada?

Catherine: C’est une question difficile, il faut se questionner sur la société en général, quelle est la place de chacun. Est-ce le  facteur d’isolement ou une particularité du Québec?

CLÉ: Pouvez-vous nous parler de ce qui vous a marqué dans votre travail?

Catherine: C’est surtout la détresse qui est souvent cachée, je m’intéresse plus particulièrement aux jeunes contrevenants pour lesquels on ne suspecte pas nécessairement des idées suicidaires, mais je découvre qu’ils souffrent souvent. En plus, comme ils vivent des épreuves difficiles et sont souvent isolés, ils représentent une population très à risque.

CLÉ: Qu’est-ce qu’on trouve à dire aux parents et amis endeuillés et qui veulent s’exprimer?

Catherine: Il n’y a malheureusement pas de réponse toute faite, pour chacun la phrase la plus apaisante est différente, il faut juste être là. Ce n’est pas tout le monde qui se sent capable de supporter un endeuillé par suicide, il faut respecter nos limites. Aussi si on décide d’être là, il faut écouter sans juger ce que nous dira la personne endeuillée qui se sent parfois coupable d’entretenir certaines pensées.

CLÉ: Pensez-vous que c’est lâche ou brave le fait que quelqu’un se suicide?

Catherine: Je ne crois pas qu’il faille voir les choses de cette façon. Je crois que le suicide n’est pas une solution à la souffrance et qu’il y a des solutions qui existent quand quelqu’un souffre.

CLÉ: Qui se suicide (statistiquement qui sont les groupes de personne le plus à risque)?

Catherine: Au Québec les gens les plus à risque sont les hommes  entre 35 à 49 ans, en 2007, le taux ajusté de mortalité par suicide chez les hommes était de 22,3 décès par 100 000.

CLÉ: Selon les nouvelles statistiques le suicide est-il croissant ou décroissant?

Catherine: Chez les jeunes on note une tendance à la baise, bien que cette problématique demeure importante. En 1999 et 2007, on note une tendance à la baise dans chacun des groupes d’âge pour les hommes. La diminution la plus importante est chez les adolescents de 15 à 19 ans et chez les jeunes hommes de 20 à 34 ans, la diminution la moins importante est chez les 50-64 ans. Du côté des femmes tous les groupes présentent une diminution, à l’exception des femmes âgées de 50 à 64 ans et des 65 et plus.

CLÉ: Est-ce que selon vous nous avons fait le nécessaire pour aider à réduire le taux de suicide?

Catherine: Oui et non. Oui, plus que dans d’autres pays qui n’ont pas de programme de prévention ou qui ne font rien, mais il y a encore beaucoup à faire.

CLÉ:  Est-ce vrai que lorsqu’on parle du suicide, ce dernier augmente?

Catherine: Ce n’est pas vrai au point de vu individuel, cependant on dit aussi qu’il peut avoir contagion quand on parle dans les médias d’un suicide.

CLÉ: Tout le monde est-il qualifié pour intervenir auprès des gens qui ont des idées suicidaires?

Catherine: Oui et non. Oui, on peut écouter et c’est déjà beaucoup, non il ne faut pas être seul pour porter cette confidence.

CLÉ: Le sujet du suicide est-il un sujet tabou?

Catherine: Oui chez certaines personnes. Ça peut créer comme un malaise.

CLÉ: Catherine, Le Centre de Lecture et d’Écriture te remercie!

Catherine:  Merci à vous et à la prochaine!

Pour en savoir plus sur le CRISE: www.crise.ca

Le CRISE est un centre de recherche interdisciplinaire situé à l’Université du Québec à Montréal. Il regroupe plus de quarante chercheurs, intervenants et étudiants en provenance de quatre universités et de vingt milieux pratiques au Québec.

Le CRISE vise à diminuer le suicide et les comportements suicidaires et à réduire les conséquences négatives du suicide.

Le CRISE a la conviction que la prévention du suicide exige des actions concertées entre les chercheurs, les intervenants et la communauté. Ces actions doivent viser non seulement les individus, mais aussi l’environnement et la société. Le CRISE a adopté un cadre écologique qui s’appuie sur la compréhension des rapports complexes entre l’individu et son milieu.

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